Fromagerie BOZEC
La fromagerie BOZEC
L’activité fromagère débute en 1931 lorsque la famille CANN originaire de la région de Landerneau (29) vient s’installer dans la ferme des Tuileries dans l’intention de créer une fromagerie.
Professionnels depuis une dizaine d’années, ils quittent leur fromagerie familiale de Lanneuffret en compagnie de quelques employés pour venir au pays d’origine du père de Angèle CANN née FRETAUD.
Emmanuel FRETAUD natif de la Touche Basse et Catherine POULIQUEN originaire des Côtes du Nord se sont connus à Saint-Etienne-de-Montluc où ils travaillaient dans une fromagerie. Ils se sont mariés en 1899 et rentrèrent dès 1902 au pays Léon avec leurs deux jeunes enfants pour y créer leur propre fromagerie. Pendant une vingtaine d’années ils produisirent du Saint-Paulin et du Port-Salut de grande renommée. C’est une fromagerie prospère qu’a repris leur fille Angèle à son mariage au début des années 1920, pour la revendre une dizaine d’années plus tard.
Jusqu’en 1934 ils fabriquent difficilement du Saint Paulin et un peu de camembert avant de rechercher un repreneur. C’est par l’entremise de la sœur de Ambroise CANN, amie d’enfance de Jeanne BOZEC que la famille BOZEC quitte la Mayenne pour venir alors s’installer à La Chapelle Launay. Début 1935 Jean BOZEC rachète la fromagerie aux époux CANN qui partent au Genêt-Saint-Isle près de Laval y relancer une autre activité fromagère.
Rapidement il fait des travaux d’aménagement dignes d’une véritable fromagerie, renforce ses effectifs, développe le ramassage de lait dans les environs et redresse l’activité de la fromagerie.
Comptant bien un jour installer son industrie fromagère dans sa région natale de Châteaulin (29), il construit en 1938 dans le jardin des Tuileries une maison neuve destinée à l’installation d’un futur directeur. Finalement la famille BOZEC s’y installe précipitamment en septembre 1939.
Les évènements de la seconde guerre contraignent le fromager à s’ancrer à La Chapelle. La carence de maire au début 1945 le conduit à accepter des responsabilités d’officier d’Etat Civil, puis à être désigné maire-remplaçant par les autorités de l’arrondissement avant d’être élu maire en octobre, pour de nombreuses années.
Après la guerre l’activité reprend de plus belle, la fromagerie est agrandie, les tournées étendues entre Savenay, Donges, Prinquiau et Campbon. A la pleine saison 8000 litres de lait sont ramassés, des saisonniers renforcent la douzaine d’employés pour produire 4 à 5000 camemberts expédiés plusieurs fois par semaine à la gare de Savenay à destination des grandes villes de l’Ouest et de la région parisienne. De fabrication identique, les camemberts sortent sous des étiquettes différentes. En plus du fromage et du beurre, des porcs « courantins » sont engraissés par centaines à la fromagerie des Tuileries et à Campbon.
Son entreprise fait référence, Jean BOZEC préside pendant de nombreuses années le Syndicat des Industriels Laitiers du département de Loire-Atlantique.
La fin des années 60 sonne le glas de nombreuses laiteries-fromageries face à l’essor de l’industrie laitière moderne et concurrente. En 1969 un contrôle sanitaire positif complique encore la situation entraînant la cessation de l’activité entreprise quarante ans plus tôt. La dernière tournée a lieu en juillet et la fermeture en septembre. Le fonds laitier est repris par la Colarena de Campbon, le personnel se disperse alors dans les laiteries de Campbon et Bouvron ou retrouve un emploi dans les environs. L’activité d’engraissement des porcs perdure jusqu’en 1984.
Maire de La Chapelle Launay de 1945 à 1971, l’industriel laitier laisse un double empreinte dans la mémoire collective des capellaunaisiens. Il décède en 1976.
Pendant quelques années, les bâtiments hébergent l’atelier Robin de confection de mousse d’ameublement. En 1988 un incendie criminel met fin à toute activité.
Les propriétaires vendent la maison en 1987 et font raser les bâtiments vétustes en 1989.
Nulle trace aujourd’hui de toute cette histoire. Les Tuileries c’est désormais la maison du maçon. Une fromagerie renommée y a bel et bien existé. Reste la mémoire des hommes et des femmes, restent les photos et les étiquettes de camemberts.
Jacques DALIBERT (octobre 2005)