Abbaye de Blanche Couronne
Blanche-Couronne a conservé son église abbatiale du XIIème siècle ainsi que tous ses bâtiments conventuels reconstruits au XVIIIème siècle. Les quatre ailes de l'abbaye s'organisent autour du cloître qui avec son jardin de plantes exotiques datant du XIXème siècle donne un charme tout particulier à l'abbaye dès que l'on y pénètre.
Aux origines de Blanche Couronne
Les origines de l'abbaye restent mystérieuses : nous ne connaissons pas le nom du fondateur ni l'ordre auquel elle appartenait, ni la date exacte de sa fondation qui se situe aux alentours de la première moitié du XIIème siècle.
Elle a connu une période de prospérité du XIIème au XIVème siècle grâce à ses possessions dans la région qui lui ont permis de tirer des revenus économiques importants. Elle possédait une douzaine de prieurés de Trescalan (La Turballe) à Noirmoutier. Mais à partir du XIVème siècle, incendie, guerres de religion et système de la commende poussent l'abbaye dans un état de délabrement inquiétant. Les moines font alors appel à la congrégation Saint-Maur qui décide de reconstruire les bâtiments en conservant les bases du XIIème siècle.
L'église abbatiale connaît peu de modifications. L'abbaye est finalement abandonnée par les moines en 1767 à cause de son insalubrité et elle est louée pour en tirer des revenus.
A l'époque contemporaine
Devenue Bien national à la Révolution Française, elle est rachetée par des particuliers dont Vigneron de la Jousselandière, négociant nantais. Pillée par l'armée vendéenne, elle accueille en 1793, dans ses bois, les derniers rescapés vendéens de la bataille de Savenay, affrontement qui met fin à la révolte des «blancs». En 1841, l'abbaye revient à Alphonse Lecadre avocat nantais, à partir de 1871 sa fille Marie Lecadre et son mari, Auguste Toulmouche peintre portraitiste deviennent propriétaires et y font des travaux d'embellissement : parc à l'anglaise, création d'un salon et de chambres, aménagement d'un atelier de peinture. L'abbaye est peu à peu transformée en résidence privée. Le «château», terme qui est encore utilisé de nos jours pour désigner l'abbaye, devient un lieu de villégiature pour beaucoup d'artistes : Elie Delaunay, peintre, José Maria de Hérédia, poète, Thomas Dobrée, célèbre armateur nantais... L'abbaye devient le foyer culturel nantais. C'est durant un de ces séjours que Delaunay peint dans le salon des Toulmouche, les peintures allégoriques représentant les quatre saisons.
Après la mort de Madame Toulmouche en 1917, l'abbaye subit de profondes dégradations. Rachetée par Auguste Burban minotier de Pontchâteau pour l'exploitation des bois, puis en 1922 par le Conseil Général de la Loire-Inférieure, elle est utilisée comme «colonie agricole» pour malades mentaux, annexe de l'hôpital Saint-Jacques de Pirmil de Nantes. Quelques travaux y sont effectués qui sauvent l'abbaye d'une destruction certaine. Le projet est abandonné en 1928, la propriété est mise en vente par le Département.
Deux agriculteurs se portent finalement acquéreurs et se partagent la centaine d'hectares de terre et les bâtiments.
Au début de la seconde guerre mondiale, les bâtiments de l'abbaye sont réquisitionnés pour héberger les réfugiés espagnols mis à la disposition des troupes anglaises pour la construction de leur camp de ravitaillement logistique à la Berthelais. Jusqu'en juin 1940 l'abbaye sert également de casernement aux troupes anglaises puis d'entrepôt à l'armée d'occupation allemande. Enfin, l'abbaye accueille à une vingtaine de familles nazairiennes qui s'y réfugient suite aux bombardements de Saint-Nazaire, pour certaines d'entre elles jusqu'au milieu des années soixante.
Blanche Couronne aujourd'hui
A partir de 1975, la population locale se mobilise autour de ce monument en péril. Deux associations se créent successivement pour sauvegarder le bâtiment en y faisant des travaux d'entretien et de restauration. En 1993, la commune de La Chapelle-Launay devient propriétaire des deux tiers de l'abbaye en lieu et place de l'une d'elle, " Bretagne Vivante ". L'association des "Compagnons de Blanche-Couronne", propriétaire de l'autre tiers, se charge de l'animation du lieu et des travaux de sauvegarde soutenus par la municipalité.
Le changement de municipalité en 2008 est salutaire pour l'avenir de l'abbaye.
Les nouveaux élus vont impulser la dynamique attendue par les services de l'Etat et la Direction Régionale de l'Action Culturelle qui avaient classé le cloître dès 1925, puis l'ensemble de l'abbaye en 1994. En fédérant les élus de la Communauté de communes Loire et Sillon devenue Estuaire et Sillon en 2017 autour de la recherche d'un projet culturel, touristique et économique, ainsi que les élus et les services patrimoniaux du Département de la Loire-Atlantique et de la Région des Pays de la Loire, ils réunissent les financements publics nécessaires à la réhabilitation de l'abbaye, soit dans un premier temps 2,66 Millions € qui permettent de lancer en février 2019 une première tranche de travaux conduits par l'équipe de Pascal Prunet architecte en chef des Monuments Historiques sous la Maîtrise d'ouvrage communale.
Concomitamment, l'association des Compagnons de Blanche-Couronne cède en septembre 2019 sa propriété à la commune qui devient propriétaire de l'ensemble de l'abbaye.
En février 2020, le Département fait l'acquisition de l'Abbaye de Blanche-Couronne auprès de la commune qui lui cède volontiers. Désormais motivé par l'avenir culturel, touristique et économique de ce patrimoine d'intérêt régional majeur situé au cœur de l'estuaire métropolitain Nantes - Saint-Nazaire, à cette date, le Département tout à la fois prend le relais de la Maîtrise d'ouvrage des travaux en cours et assure leur financement global de 5 Millions € avec l'aide de l'Etat et de la Région, en libérant la Commune et la Communauté de communes de leurs engagements financiers.
L'abbaye de Blanche-Couronne a intégré le Grand Patrimoine de Loire-Atlantique au même titre que les châteaux de Clisson et Châteaubriant.
Ainsi les élus locaux ont transmis en mains sûres cet héritage d'intérêt historique et architectural considérable qui est désormais sauvegardé pour être mis à la disposition de nos contemporains et des générations futures.
Les travaux sont actuellement programmés jusqu'en 2025.