Abbaye de Blanche Couronne
Classée monument historique en totalité depuis 1994, l'abbaye de Blanche-Couronne a connu une histoire mouvementée au fil des siècles. Elle se situe sur la commune de la Chapelle-Launay, à proximité de l'estuaire de la Loire. Entourée de marais, l'abbaye est un des rares ensembles monastiques conservés en Loire-Atlantique.
Blanche-Couronne a conservé son église abbatiale du XIIème siècle ainsi que tous ses bâtiments conventuels reconstruits au XVIIIème siècle. Les quatre ailes de l'abbaye s'organisent autour du cloître qui avec son jardin de plantes exotiques datant du XIXème siècle donne un charme tout particulier à l'abbaye dès que l'on y pénètre.
Aux origines de Blanche Couronnne
Les origines de l'abbaye restent mystérieuses : nous ne connaissons pas le nom du fondateur ni l'ordre auquel elle appartenait, ni la date exacte de sa fondation qui se situe aux alentours de la première moitié du XIIème siècle.
Elle a connu une période de prospérité du XIIème au XIVème siècle grâce à ses possessions dans la région qui lui ont permis de tirer des revenus économiques importants. Mais à partir du XIVème siècle, incendie, guerres de religion et système de la commende poussent l'abbaye dans un état de délabrement inquiétant. Les moines font alors appel à la congrégation Saint-Maur qui décide de reconstruire les bâtiments en conservant les bases du XIIème siècle.
L'église abbatiale connaît peu de modifications. L'abbaye est finalement abandonnée par les moines en 1767 à cause de son insalubrité et elle est louée pour en tirer des revenus.
A l'époque contemporaine
A partir de la Révolution Française, elle passe de main en main. Devenue bien national, elle est rachetée par des particuliers. Pillée par l'armée vendéenne, elle accueille en 1793, dans ses bois, les derniers rescapés vendéens de la bataille de Savenay, affrontement qui met fin à la révolte des «blancs». En 1841, l'abbaye revient à Marie Lecadre et son mari, Auguste Toulmouche qui occupent le lieu et y font des travaux d'embellissement : parc à l'anglaise, création d'un salon et de chambres, aménagement d'un atelier de peinture. L'abbaye est peu à peu transformée en résidence privée. Le «château», terme qui est encore utilisé de nos jours pour désigner l'abbaye, devient un lieu de villégiature pour beaucoup d'artistes : Elie Delaunay, peintre, José Maria de Heredia, poète, Thomas Dobrée, célèbre armateur nantais... L'abbaye devient le foyer culturel nantais. C'est durant un de ces séjours que Delaunay peint dans le salon des Toulmouche, les peintures allégoriques représentant les quatre saisons.
Après la mort de Marie Toulmouche en 1917, l'abbaye subit de profondes dégradations. Rachetée par le Conseil Général, elle est utilisée comme «colonie agricole» pour malades mentaux. Quelques travaux y sont effectués qui sauvent l'abbaye d'une destruction certaine.
Elle est ensuite utilisée comme asile par les réfugiés espagnols et pendant la seconde guerre mondiale, elle sert de casernement aux troupes anglaises puis d'entrepôt aux soldats allemands. Enfin, l'abbaye accueille à une vingtaine de familles qui s'y réfugient suite aux bombardements de Saint-Nazaire.
Blanche Couronne aujourd'hui
A partir de 1975, la population locale se mobilise autour de ce monument en péril. Deux associations se créent pour sauvegarder le bâtiment en y faisant des travaux d'entretien et de restauration. En 1993, la commune de La Chapelle-Launay devient propriétaire des deux tiers de l'abbaye. L'association des «{Compagnons de Blanche-Couronne}», propriétaire de l'autre tiers, se charge de l'animation du lieu et des travaux de sauvegarde.
Aujourd'hui, la municipalité cherche à mettre en valeur ce patrimoine qui présente un intérêt historique et architectural considérable en tentant de définir un projet culturel cohérent pour l'abbaye qui est toujours en danger. Première étape avant d'entamer la nécessaire restauration du lieu...